La France est-elle devenue un pays en manque d’accès aux soins ? Plusieurs rapports et articles témoignent des obstacles qui entravent le recours aux soins. Les principaux principaux facteurs incriminés sont l’indisponibilité et la pénurie de médecins, entraînant une désertification des soignants dans certains territoires. En France, 60 % de la population concernée par des difficultés d’accès aux médecins généralistes vivent dans des territoires ruraux. Près de 30 % d'entre eux sont dans une grande aire urbaine, dont 21 % dans la banlieue parisienne. (1)
Face à ce constat alarmant, la HAS a exprimé son inquiétude relative à la capacité du système à dispenser des soins et à assurer des accompagnements de qualité sur l’ensemble du territoire. Cette dernière souligne aussi que « le système de santé et le secteur médico-social font face à des enjeux cruciaux » - principalement le manque de ressources humaines. (2)
C’est également l’objet de la pétition de l’UNAPEI, mouvement de 350 associations, qui alerte sur la pénurie des professionnels médicaux-sociaux et l’augmentation des postes vacants :
Cette situation accentue les difficultés d’accompagnement des personnes en situation de handicap intellectuel, d’autisme, de polyhandicap et de handicap psychique (3).
La prise en charge des troubles du neurodéveloppement (TND) (au sein desquels on trouve le trouble du spectre autistique) pose un véritable problème : les médecins sont de moins en moins nombreux tandis que les besoins de la population augmentent, ces troubles psychiatriques étant en évolution croissante.
C’est ce qu’affirment les derniers chiffres de la DREES (Direction de la Recherche, des Études, de l'Évaluation et des Statistiques) au regard de la densité des psychiatres dans les régions. Actuellement, on enregistre une densité moyenne de 23 médecins psychiatres pour 100 000 habitants et une disparité marquée entre les territoires, davantage prononcée dans les régions d’outre-mer comme la Guyane (4,51 psychiatres pour 100 000 habitants). (4)
Aujourd’hui, la prise en charge de l’autisme fait face à la fois à :
Les prise en charge de ces troubles sont pourtant complexes, aussi bien sur le plan organisationnel que sur le plan médical.
L’offre de soins est :
Cette embolisation des établissements de santé, sanitaires et/ou médico-sociaux est expliquée - en partie - par le manque de professionnels de santé ainsi que le manque d’accompagnement et de formation des équipes. (5)
Dans sa lettre ouverte du 31 mars 2022, la HAS a proposé, parmi les solutions pour améliorer l’accès aux soins dans les territoires, l’alternative de « développer les téléconsultations accompagnées par un professionnel de santé pour faciliter l’accès aux soins lorsque cela est possible et pertinent » (2). Cette alternative de téléconsultation assistée, alliant expertise médicale et technologie, serait une solution pérenne pour faire face aux perspectives d’évolution de la démographie médicale et son inégale répartition sur le territoire dans la prise en charge des troubles de neurodéveloppement en France.
Auteur : Aziz Ben Haj Ali (Chef de projet médico-social) - Teladoc Health France
(1) Portela M (DREES/SEEE). Remédier aux pénuries de médecins dans certaines zones géographiques.
(2) Lettre ouverte du Collège de la HAS à tous ceux qui œuvrent pour la qualité des soins et des accompagnements
(3) Journée nationale des aidants - UNAPEI
(4) Démographie des professionnels de santé - DREES